Enquête sur les chiropracteurs français

La chiropraxie en France évolue : jeune discipline mais en plein essor, elle suscite de plus en plus d’intérêt. Une étude(1) menée par des chercheurs de l’IFEC de février à avril 2023 auprès de 1 067 chiropracteurs français – avec 495 réponses exploitables (soit un taux de réponse de 46,4 %) – offre pour la première fois un portrait national de la profession.

Portrait des chiropracteurs français

 
  • Les répondants ont en moyenne 34,9 ans, avec un écart-type de 9,7 ans.
  • 67,7 % sont des femmes, ce qui marque une proportion légèrement plus élevée que celle des adhérents à l’Association Française de Chiropraxie (62,7 %).
  • 81 % ont obtenu leur diplôme dans les 15 dernières années.
  • 94,5 % des répondants ont été formés à l’IFEC, unique école de chiropraxie en France.
  • Un peu plus d’un cinquième (21,4 %) possède en plus un diplôme universitaire complémentaire (un DU pour la plupart, 6,7 % ayant un master, et 1,2 % un doctorat).
  • Près de la moitié déclarent s’être formé et/ou s’être tenu informé.e au travers de séminaires, de conférences ou de lecture d’articles scientifiques au moins 2 fois dans les 12 derniers mois.

Comment exercent-ils ?


  • Concernant l’organisation professionnelle : 72,6 % exercent en cabinet monodisciplinaire (dont 51,4% avec au moins un autre chiropracteur) et 27,4 % exercent dans un cadre pluridisciplinaire.
  • Concernant la localisation géoographique : 53,5 % se situent dans l’une des quatre régions françaises les plus peuplées (Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine)
  • La moitié des répondants travaillent à temps plein (49.8 %).
  • Plus de la moitié des chiropracteurs (58,9 %) déclarent recevoir entre 21 et 50 patients par semaine.

Qui sont leurs patients et quelle prise en charge leur est proposée ?

 

  • Les adultes de 25 à 64 ans représentent la principale catégorie de patients ayant recours aux soins en chiropraxie, suivis des 65 et plus ainsi que des 15-24 ans.
  • Les motifs de consultation les plus fréquents sont les douleurs de dos, principalement les douleurs lombaires et les douleurs cervicales sans irradiation.
  • Les soins proposés s’articulent principalement autour de conseils et d’éducation du patient, de manipulations HVLA (de haute-vélocité et faible-amplitude), de techniques myofasciales passives et d’exercices thérapeutiques.
  • Pour les trois quarts des répondants, la durée moyenne d’une première consultation est supérieure à 40 minutes et la durée des consultations de suivi se situe entre 26 et 45 minutes.
  • Le tarif de la première consultation se situe entre 41 et 70€. Celui des consultations suivantes entre 41 et 60€.

Vers une meilleure intégration dans le système de santé ?


  • Les chiropracteurs déclarent référer régulièrement leurs patients vers des médecins généralistes (50,4 % “1-3 fois par mois”, 21 % “au moins une fois/semaine”) et des kinésithérapeutes (41,5 % “1-3 fois par mois”, 23,7 % “au moins une fois/semaine”).
  • En revanche, ils reçoivent beaucoup moins de patients adressés par ces professionnels : seuls par exemple, 10,4 % des chiropracteurs déclaraient avoir ont reçu des patients référés par d’un médecin généraliste “au moins une fois/semaine” lors des 12 derniers mois.
  • Cette asymétrie souligne que la profession, bien que reconnue comme « de première intention » pour les troubles musculo-squelettiques en France, n’est pas encore pleinement intégrée dans les parcours de soins conventionnels. La méconnaissance de la formation et du champ de compétence des chiropracteurs ainsi que l’absence de prise en charge de leurs soins par l’assurance maladie pourraient constituer des barrières à cette intégration.

Conclusion


Cette enquête met en lumière une profession jeune, bien formée (en grande majorité à l’IFEC). Elle suggère que le champ de compétence légal du chiropracteur en France est bien identifié, particulièrement par les patients, et que la prise en charge proposée consiste souvent en la combinaison de plusieurs modalités thérapeutiques tel que recommandé dans les recommandations de bonnes pratiques portant sur les troubles musculosquelettiques.

Si le taux de réponse peut questionner en matière de représentativité, le portrait obtenu est concordant sur des aspects clés (ex. les motifs de consultation, les outils thérapeutiques) avec ceux dressés dans d’autres pays où des enquêtes similaires ont été menées.

Le principal défi de la profession reste son intégration au sein du système de soins français, – une intégration que l’on peut observer dans les modèles suisse et danois, par exemple.

(1) Meyer, AL., Picchiottino, M., Lardon, A. et al. Contemporary profiles and professional activities of French chiropractors: a national survey. Chiropr Man Therap 33, 43 (2025). https://doi.org/10.1186/s12998-025-00602-2